De façon tout à fait logique, Les Décanteuses nous emmènent au mois de novembre en Beaujolais. Stupéfiant, allez savoir pourquoi…
Il est toujours assez étonnant d’entendre parler des crus du Beaujolais au moment de la sortie du Beaujolais Nouveau. Des vins dont la garde peut aller jusqu’à 10 ans, des terroirs hyper spécifiques, des paysages enchanteurs ponctués de châteaux historiques ; tout ça passé à la moulinette de la popularisation. Raccourci, quand tu nous tiens…
Encore une fois les crus sont assimilés à l’image des primeurs alors qu’ils n’ont déjà rien à voir avec l’A.O.C Beaujolais, a fortiori avec le nouveau, c’est toujours dommage. Egalement, la région viticole du Beaujolais ne fait pas partie de la région viticole de la Vallée du Rhône qui commence à Vienne avec ses Côte-Rotie.
A 70 km environ de la commune la plus au sud du vignoble beaujolais, et sachant que les crus se situent plutôt au nord de la région, le vignoble de la vallée du Rhône reste tout de même assez loin. C’est peut-être aussi pour ça qu’on y fait des vins si différents…
Je n’en dis pas davantage, le débat n’ayant pas sa place dans ce billet, mais surtout parlons de cette jolie sélection (oui encore) que Les Décanteuses nous ont réservée.
On commence par une A.O.C. Juliénas, un des crus les plus réputés de la région viticole. Reconnu Appellation d’Origine Contrôlée par l’INAO en 1938, sa superficie couvre environ 580 hectares, dont le principal cépage est le Gamay ; pour l’exemple, pas moins de 6000 ha pour le Beaujolais-Villages et une superficie bien plus vaste pour le Beaujolais. Ceci témoigne à lui tout seul de la spécificité de chaque cru, dont les terroirs font toute la typicité.
Le Juliénas se produit… à Juliénas, Jullié et Emeringes tout au nord du Rhône, et à Pruzilly tout au sud de la Saône-et-Loire, côté Bourgogne (aux antipodes de la Vallée du Rhône :D).
Les parcelles bénéficient de situations géographiques très différentes les unes des autres, et très particulières. Ces situations sont propices aux micro-climats qui vont jouer un rôle fondamental dans les nuances aromatiques. Cette palette se développera au cours d’un élevage d’environ 2 ans, et par la suite, dans sa conservation (jusqu’à 7 ans).
Si Juliénas prend un « s », c’est parce qu’il y en a plusieurs ;)
Voyons celui du Domaine des Bruyères situé à la Chapelle de Guinchay dans le 71, mais dont les parcelles sont plantées à l’est de Juliénas, dans le 69. Pas moins de six A.O.C sont proposées par Nicolas et Sandrine Durand : Chénas, Saint-Amour, Moulin-à-Vent, Beaujolais (blanc), mais aussi Crémant-de-Bourgogne, et donc Juliénas.
Juliénas Les Capitans, A.O.C. 2012, Domaine des Bruyères. « Les Capitans », c’est ce qu’on appelle un « climat » ; on entend par là une situation propice à apporter des particularités bien spécifiques au sein d’une même appellation (exposition, sol par exemple). 2012 fût une année difficile pour les vignerons : hiver très froid, fortes grêles et maladies ont durement réduit les rendements, de moitié. Mais quelques jours de beau temps ont permis aux raisins d’arriver à bonne maturité, avant la cueillette et un bon triage, et, avec un élevage soigné, ont donné un bon millésime sur l’appellation.
A l’oeil, rubis profond ; au nez, les fruits rouges dominent avec des pointes d’épices. Bien structuré, ses tanins plutôt concentrés le rendent très agréable en bouche, avec une finale assez gracieuse. Il a bien accompagné mon boeuf bourguignon ; je le tenterais tout aussi bien avec des plats (un peu riches si j’ose dire) traditionnellement voués aux blancs : tartiflettes par exemple ; aussi les fromages à pâte molle au lait cru comme un camembert.
Partons plus au sud, sur le chemin du Jas, à Séguret dans les Côtes-du-Rhône-Villages ; direction le Domaine de l’Amauve, qui tient son nom de la plante aux fleurs teintées de douceur. Le domaine propose des vins blancs aux cépages grenache blanc, clairette, viognier et ugni-blanc, et pour les vins rouges, association de grenache noir et syrah. Culture raisonnée, contrôle des rendements, vendange manuelle à parfaite maturité, et tri pointu des raisins, pour des vins de grande qualité.
Le Domaine de l’Amauve produit les cuvées « Laurances », « Les Merrelies » et « Réserve » en vin rouge, « La Daurèle » en vin blanc, ainsi qu’une IGP Vin de Pays de Vaucluse (rouge)
Pour en venir à ce Cotes-du-Rhône-Villages blanc La Daurèle, A.O.C. 2013, Domaine de l’Amauve, sa robe or plutôt pâle avec quelques reflets vert tendre caresse le verre de son gras, annonçant une belle présence en bouche. Son nez sur les agrumes et fruits blancs, une bouche ronde dès l’attaque et une longueur qui s’appréciera sur les poissons mais surtout en apéritif. Personnellement, ce vin m’a donné l’envie d’une entrée d’asperges de vigne rôties aux agrumes, ou de croquer dans une pèche, de vigne évidement.
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L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ – CONSOMMER AVEC MODÉRATION